Brexit, or not Brexit ?

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Conférence de Camille Sonzogni, professeur agrégé d’économie, mercredi 27 novembre 2019.

Il s’agit de notes prises au cours de la conférence, plus ou moins à la volée, et non d’un texte rédigé et travaillé. Ces notes n’engagent que celui qui les a prises, et non le conférencier !

Environ 25 personnes étaient venues écouter M. Sonzogni. Manifestement le sujet intéresse, entre autre parce qu’on ne s’y retrouve plus. Les assistants aspirent à une synthèse salutaire. Surtout que le sujet risque de durer : M. Sonzogni commence en nous disant que même si un accord est trouvé, il faudra plusieurs années pour que tout se mette en place. Les hypothèses pour la mise en place du Brexit oscillent entre 3, 5 ou 10 ans. 

Introduction

M. Sonzgni rappelle le mot d’André Siegfried : « L’Angleterre est une île ». Ils se sont toujours sentis à part.

Ou encore celui de Churchill à de Gaule : « à chaque fois qu’il faudra choisir entre l’Europe et la Grande Bretagne, nous choisirons le grand large ».

Il y a une certaine nostalgie de l’empire Britannique. 

Brexit : Vient de British Exit. Les anglais sortent. 

Il s’agit là d’une idée malencontreuse de David Cameron, premier ministre en exercice. Idée saugrenue de présenter un référendum pour ou contre la sortie de l’Europe alors qu’il n’était pas vraiment demandé. 

Le Brexit a connu 3 reports successifs, alors que les accords négociés étaient à peu près tous les mêmes. Les échéances sont courtes. Normalement il doit être adopté le 31 janvier 2020. 

Pas simple, car selon les sondages les conservateurs n’auraient pas la majorité aux prochaines élections, ce qui signifie que le Parlement britannique risque une fois de plus de ne pas ratifier l’accord.

Chap 1 : Relations compliquées entre l’Europe et la Grande Bretagne

Quelques rappels historiques :

Premières réunion européennes : CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier). 1957 traité de Rome. 1958 CEE (Communauté Économique Européenne) : les anglais ne sont pas là car cela ne les intéresse pas. 

Dans le domaine de la défense : création de l’OTAN et de la Communauté Européenne de Défense qui échoue, cette fois à cause des français.

En 1960 les anglais, qui n’ont pas une forte croissance veulent se raccrocher à la CEE mais de Gaule refuse. A cette époque, tous les pays européens ont une forte croissance, sauf l’Angleterre, qui de ce fait souhaite s’accrocher à la CEE par intérêt personnel.

1972 référendum dans les pays de la CEE. Intégration de la Grande Bretagne à la CEE qui ne voit l’Europe que comme une zone de libre échange. Les anglais refusent toute participation à une Europe politique. 

Au début les anglais intègrent le serpent monétaire européen et très rapidement le quittent.

Margaret Thatcher mène une politique libérale et isolationniste (avec la guerre des Malouines). Elle aura à l’égard de l’Europe cette formule restée célèbre : « I want my money back ». 

Les anglais n’adhèrent pas à l’Euro et se détachent petit à petit de l’Esprit européen. Par exemple, les anglais suivent les américains lors de la guerre en Irak.

Nous avons là deux conceptions de l’Europe : une Europe fédérale (avec un budget commun, des politiques communes, etc.) et une Europe des états : les états s’associent parce que c’est leur intérêt.

David Cameron arrive au pouvoir en 2010, et y reste jusqu’en 2016. 

Theresa May négocie deux traités qui ne sont pas ratifiés par le parlement anglais.

Boris Johnson négocie un autre traité qui n’a pas encore été voté, mais qui est très proche de ceux négociés par Theresa May.

Chose à noter : Johnson n’était pas pro Brexit au début. Il avait préparé deux éditoriaux de journal, l’un pro Brexit, l’autre anti Brexit, et il a attendu le résultat du référendum pour publier le bon.

Chap 2 : Au royaume désuni de Grande Bretagne 

Les différents partis politiques de Grande Bretagne et leur position.

Labor (parti travailliste) : sa position n’est pas claire. Parti plutôt européen mais la majorité de leur électorat à voté pour le Brexit. Actuellement 30% des suffrages.

Tories (parti conservateur) : recueille actuellement 40% des suffrages. Mais cela ne suffit pas pour obtenir une majorité. Pro Brexit. Prêts à adopter l’accord signé avec l’union Européenne. 

Libéraux Démocrates : Le parti le plus Pro Européen. Ils peuvent nouer une alliance gouvernementale. 

Brexit Parti. 

Dans l’état actuel des sondages il n’y a pas de majorité absolue pour ratifier le traité.

Chap 3 : les enjeux du Brexit 

Plusieurs scenarii possibles :

1. No Deal : scénario catastrophe 

Chiffres issus de la banque d’Angleterre (nov 2018)
 chute du PIB britannique de 10% en 5 ans
 Le taux de chômage double en 5 ans
 L’inflation grimpe à plus de 6%
 Chute de 25% de la Livre Sterling. 
 Baisse de 30% des prix de l’immobilier. 

Les pays européens sont aussi touché. 
Faute d’accord économique, ce sont les règles de l’OMC qui s’appliquent.
Sur 3 ans : 
 Replis du PIB de l’Europe de 1% 
 Perte de 600 000 emplois sur l’ensemble de la planète. 

10 000 camions par jour entre Calais et Douvres : le contrôle aux frontière ralentit le transport. 

2. Brexit et croissance mondiale 

Baisse de la croissance en Chine et aux États Unis.
Baisse de la croissance en Allemagne. 

3. Brexit et équilibre mondial 

Intégrité du Royaume Uni. 
 L’Angleterre rurale votre pour le Brexit
 L’Irlande du Nord vote pour le Remain 
 L’Écosse vote pour le Remain. Les écossais veulent rester dans l’Europe. Il est très possible que l’Écosse demande l’indépendance.

Idem en Irlande du Nord, qui pourrait se rattacher définitivement à l’Irlande, qui veut elle aussi rester dans l’Europe. (Il y a en Irlande plusieurs Sièges de grandes sociétés mondiales)

Conclusion

Quand les anglais partent le chaos arrive. 

 Ils ont quitté l’Inde. Frontières mal définies, guerre avec le Pakistan
 Ils ont quitté l’Irlande mais ont gardé un petit bout. Affrontements violents pendant des dizaines d’années.
 Ils ont quitté la Palestine. Région désormais en guerre.

C’est le scénario qui se rejoue avec le Brexit 

Cf Mountbatten lors des négociations pour quitter l’Inde : « Nous partirons quoi qu’il arrive ». Boris Johnson avait la même position lors des dernières primaires du Pari Conservateur.

La Grande Bretagne a quitté un empire mais n’a pas encore trouvé son rôle dans le monde. 

« La Grande Bretagne a choisi d’être solitaire plutôt que solidaire ». (Michel Barnier)

La perspective d’un Brexit sans fin est tout à fait possible. 

Références complémentaires

On peut consulter LA CRISE BRITANNIQUE AU XXe SIÈCLE. L’Angleterre des années 30 par André Siegfried

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